Peu de personnes se préoccupent des défis que pose la production de denrées alimentaires issues de l'agriculture biologique. Par exemple, si des ravageurs envahissent le champ de pommes de terre, l'agriculteur ne doit pas simplement pulvériser des insecticides. Il en va de même lorsque des mauvaises herbes poussent entre les betteraves et privent ainsi les amaranthacées d'éléments nutritifs si importants. Dans ce cas, l'agronome n'a d'autre choix que d'arracher à la main l'atriplex, le liseron ou le chardon. Selon la culture, il y a 300 heures de travail par hectare et plus qui se répercutent sur le prix de vente. Pour les carottes précitées, l'effort de désherbage représente environ un cinquième des coûts totaux.
Bien que ce travail de minutie soit bien rémunéré avec plus de 20 francs suisses, il y a de moins en moins de personnes disposées à arracher des herbes. Pour la plupart des Européens de l'Ouest et du Centre, il est inconcevable de travailler dix heures ou plus par jour dans une position d'humilité, sous un ciel bas ou sous la pluie. C'est pourquoi ce sont surtout des moissonneurs, ou plutôt des sarcleurs, originaires de Moldavie, de Roumanie ou de Bulgarie qui se chargent de ce travail. Mais même ces derniers sont de moins en moins disponibles pour ce travail pénible, ce qui pose un problème majeur à l'Union Européenne. En effet, dans le cadre de sa stratégie Farm-to-Fork, celle-ci souhaite tripler la part des terres agricoles biologiques d'ici 2030 et dépend donc de personnes qui sarclent le panic pied-de-coq, l'anthémis des teinturiers ou la renouée faux liseron - sans quoi les récoltes risquent de subir des pertes massives.